Le grand public connait mal les particularités de la production d’électricité.
Un technicien nous explique.
L’électricité ne se stocke pas. A chaque instant, la production doit s’ajuster à la consommation de la clientèle : ni trop, ni trop peu, juste ce qu’il faut, et au bon moment, sont les impératifs de la production d’électricité. Or, la production des éoliennes a la particularité d’être intermittente et très aléatoire (on ne commande pas le vent !)
Si production et consommation ne sont pas strictement équilibrées, le réseau peut s’effondrer comme un jeu de dominos, par disjonctions successives. C’est arrivé en France le 19 décembre 1978, où le pays tout entier a été plongé dans le noir. C’est aussi arrivé partiellement en Allemagne, il y a quelques années, où le manque de réactivité de l’éolien avait alors été relevé.
Quoi que l’on dise, les éoliennes ne sont pas opérationnelles 24 heures sur 24. Certes, elles peuvent tourner un peu tous les jours, mais on ne sait pas précisément quand, et à quelle puissance : la nuit, le matin, l’après-midi, le soir. Eole seul le sait ! Ce qui est sûr, c’est qu’elles ne tournent pas forcément à l’instant où on en aura besoin. Par exemple, les jours d’hiver, quand il fait très froid et que les pressions atmosphériques sont élevées, il n’y a pas de vent.
Dans ce cas, comment peut-on satisfaire les pointes de consommation ?
Il faut pouvoir disposer de moyens complémentaires de production à démarrage rapide, une centrale à gaz, par exemple. La construction d’une centrale à gaz d’une puissance de 450 MW est déjà prévue à Landivisiau, dans le Finistère, pour compenser l’intermittence des éoliennes. Ce qui signifie un double investissement, éoliennes et centrales à gaz, pour un même volume de production.
Les éoliennes ne peuvent constituer qu’un apport faible, tant qu’on ne disposera pas de grandes capacités de stockage, qui seront de toute façon chères et peu écologiques.
La méconnaissance assez naturelle de ces sujets est telle, que beaucoup d’habitants de Québriac croient, et c’est peut-être ce qu’on leur a laissé croire, que les éoliennes projetées vont remplacer le puissant transformateur 225000/90000 volts qui était prévu à La Chapelle-aux-Filtzméens. Les éoliennes peuvent certes fournir du courant sur le réseau à certains moments peu prévisibles, mais il est douteux qu’elle puissent, à elles seules, régler les chutes de tension sur le réseau 90000 volts, chutes de tension qui avaient justifié le projet. Les opposants au transformateur se sont réjouis de ce que celui-ci ne sera finalement pas construit à La Chapelle-aux-Filtzméens. Mais ce projet pourrait bien réapparaître ailleurs…
Car avec l’augmentation du nombre d’éoliennes, il sera sûrement nécessaire de revoir la configuration des réseaux de transport et de distribution de l’électricité.
Y. T.