Des territoires déclarés « campagne ouverte » à l’envahisseur éolien

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A Soulvache (44) construction d’une voie d’accès aux éoliennes – Crédit photo : Robert Mercier

Après Bazouges-la-Pérouse (35) où, en l’absence de recours, la Société Boralex va pouvoir maintenant construire ses 5 éoliennes de 180 mètres de hauteur, c’est la commune voisine de Marcillé-Raoul, au lieudit Les Landes, à 7 km à vol d’oiseau, qui va devoir bientôt regarder pousser les 6 éoliennes d’un autre parc Boralex.

Contrairement à Bazouges, les futurs voisins du projet éolien de Marcillé-Raoul avaient engagé des recours devant la juridiction administrative. De longues années de soucis, une dépense d’argent et d’énergie, tout cela pour voir leur pourvoi devant le Conseil d’Etat rejeté en novembre dernier, validant ainsi définitivement le permis de construire et d’exploiter accordé à Boralex.

« Feu vert pour un parc de six éoliennes », écrivait Ouest-France en titre d’un article du 21.11.19 rendant compte de cette décision du Conseil d’Etat. Feu vert, cela veut dire que la route est dégagée, c’est même un boulevard qu’ont maintenant devant eux les Boralex et compagnie. Comme une ville se déclare « ville ouverte » à un envahisseur auquel elle ne peut résister, notre campagne est maintenant déclarée « campagne ouverte » à l’envahisseur éolien. Et il faut prévoir une occupation de plusieurs années, des dizaines d’années, où la population devra vivre à l’ombre de ces machines toujours plus nombreuses et toujours plus hautes.

Pour ceux qui n’ont pas réagi et n’ont pas fait de recours, et pour ceux qui ont subi les tracas d’une longue procédure judiciaire pour se voir finalement déboutés, pour ceux qui croyaient en la justice et ceux qui n’y croyaient pas, le résultat est le même : tous dans le même bateau, dérivant sur l’océan de la bêtise humaine.

Mais le parc de Bazouges-la-Pérouse et celui de Marcillé-Raoul ne seront pas seuls, dans le secteur. Car à Saint-Rémy-du-Plain, à respectivement 6 km et 4 km à vol d’oiseau de ces deux projets éoliens, c’est un autre projet qui est à l’étude à la DREAL, porté par les Sociétés Quadran et KDE. A Saint-Rémy, les promoteurs ont présenté leur projet à la salle des fêtes, quelques jours avant Noël, lors de deux permanences. Seule une poignée d’habitants se sont déplacés. Comment expliquer ce manque d’intérêt, de curiosité, d’implication, cette passivité ? Les quelques visiteurs furent des conseillers municipaux, le maire, quelques agriculteurs retraités, probablement amis ou parents des propriétaires de terrains. Et nous-mêmes, opposants à ces projets fous. Il faut dire que les permanences étaient tenues un vendredi, à des heures où les actifs étaient au travail, et le lendemain, le samedi matin, alors que ces mêmes actifs se reposaient sans doute de leur semaine de travail. Une permanence le samedi après-midi aurait peut-être permis aux familles de venir se renseigner…

La rue qui mène à la salle des fêtes était en mauvais état, pleine de nids de poules remplis d’eau en cette période pluvieuse. Le maire et un conseiller municipal, présents à la permanence, ont d’ailleurs reconnu que l’argent des éoliennes sera le bienvenu pour faire les travaux nécessaires dans la commune. Mais l’état de la rue n’est pas la raison de la rareté des visiteurs.

La population, ici comme partout ailleurs, ne serait-elle pas contaminée, assommée, anesthésiée par toute la propagande qui est faite dans les médias, de façon visible ou subliminale, pour les « énergies renouvelables », en particulier l’éolien, et par la peur d’une apocalypse climatique que l’on a réussi à installer dans les cerveaux, à un niveau planétaire, pour favoriser l’enrichissement des sociétés financières qui sont derrière l’industrie éolienne ?

En tous cas, dans notre Communauté de communes de Bretagne Romantique (où deux projets éoliens ont reçu l’autorisation du Préfet), comme dans la « com-com » voisine dénommée « Couesnon Marches de Bretagne », on accueille à bras ouverts l’envahisseur éolien. Avidité de ressources financières pour les communautés de communes d’un côté, et, de l’autre, pensée magique qui pousse à accepter les éoliennes pour conjurer la peur de la fin du monde.

On ne sait pas si c’est la fin du monde, mais ce dont on peut être sûr c’est que c’est la fin d’un monde, celui où des valeurs comme la protection des paysages et du patrimoine bâti, culturel et historique, la protection de  l’environnement et de notre cadre de vie, ces valeurs n’auront plus cours. Parce qu’en haut lieu et dans les sphères financières, sous couvert d’écologie, sous le prétexte d’intérêt général alors qu’il ne s’agit que d’intérêts privés, il y a une volonté qu’il en soit ainsi. Et parce qu’ils ont tous pouvoirs pour changer les lois en leur faveur.

Mais l’Histoire récente a montré que l’occupation finit par engendrer la résistance.

Courage, il faut y croire pour cette nouvelle année qui vient de commencer.

AMLM

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Pour participer à la résistance contre l’éolien, voir les sites suivants :

FED (Fédération Environnement Durable) : https://environnementdurable.net/

VENT DE COLERE : http://www.ventdecolere.org/

Pour avoir une idée de la résistance à l’éolien à travers toute la France, voir ce site qui publie une revue de presse tenue constamment à jour : http://ventsetterritoires.blogspot.com/