Les pro-éoliens, qui nous traitent de passéistes parce que nous n’acceptons pas de voir notre campagne envahie par ces machines industrielles géantes, bruyantes et massacreuses de paysages, ceux-là même font souvent référence aux moulins à vent, pour tenter de faire oublier le gigantisme des aérogénérateurs et la violence de leur présence dans notre cadre de vie. Et aussi pour donner quelque fondement romantique et poétique à leur idéologie.
Pour la plupart d’entre elles, ces personnes ne sont pas en âge d’avoir vu beaucoup de moulins à vent en fonctionnement dans leur enfance. En tous cas, pas autant qu’il n’y a déjà d’éoliennes dans notre région !
Pourtant, entre un moulin à vent et une éolienne de 150 mètres de hauteur en bout de pale, la différence de taille saute aux yeux, tout de même !
Mais que voulez-vous, l’inspiration poétique s’affranchit de toute réalité ! Ainsi, lors de l’enquête publique du projet de parc éolien de Québriac, on a pu lire, sur le registre des observations du public, une ode aux éoliennes qui mériterait de figurer dans les meilleures anthologies, et d’être enseignée aux enfants des écoles.
On savait déjà que, pour les amoureux des éoliennes, celles-ci sont « belles » et « silencieuses », ainsi que l’affirment des panneaux installés sur le domaine public, à la sortie de Tinténiac, en direction de Combourg. Mais ce qu’on sait maintenant, après avoir lu l’ode en question, c’est qu’elles sont aussi… comment dire…
Mais écoutons la poétesse (l’orthographe, la grammaire et la ponctuation ont été respectées) :
« Jolis moulins à vent
En remontant le temps
De tes ailes du soir au matin
Tu as moulu le grain.
Belles Eoliennes
Fières dans le ciel.
Tu tournes dans le vent
Je t’attends, je t’espère, je te veux,
Pour que de tes pales
Tu nous donnes la lumière
Pour l’avenir, pour la vie de nos enfants
De nos petits-enfants. »
Euh… après nouvelle lecture, et après réflexion, je doute finalement que l’oeuvre en question puisse vraiment figurer dans les manuels des classes primaires aux côtés de « Le bonheur est dans le pré » (cours-y vite, avant qu’on y mette des éoliennes !).
Quant à la lumière que nous donneraient les pales de ces machines, je connais des maisons situées à 5 ou 600 mètres d’éoliennes dont les pales font plutôt de l’ombre, dans le soleil déclinant, en fin de journée, une ombre tournante, sur la façade des maisons, mais également à l’intérieur. Cela s’appelle « l’effet stroboscopique ». Toutes les personnes confrontées à un projet de parc éolien près de chez elles connaissent maintenant cette expression.
Mais pour revenir à notre poétesse, on peut se réjouir, car à coup sûr, la littérature française s’enrichit là d’une nouvelle Louis Labé https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise_Lab%C3%A9
Nous ne dirons qu’un mot, Madame : Chapeau !