Il y a maintenant 10 ans qu’à Pleugriffet (56), dix éoliennes de 150 mètres de hauteur, auxquelles il faut ajouter une onzième, qui se trouve sur la commune voisine de Crédin, font subir leurs nuisances sonores aux habitants des hameaux voisins de Bel Orient, Le Quérant, Langonan. Et plus les machines vieillissent, plus elles sont bruyantes. Les riverains, groupés en association, multiplient les démarches pour obtenir le bridage des machines, ou même leur arrêt en périodes où les bruits sont les plus intenses, mais en vain. EDF, propriétaire et exploitant du parc éolien, ne veut rien entendre.
En 2008, quand ils avaient appris que des éoliennes allaient être implantées près de chez eux, les habitants de ces hameaux s’étaient groupés en association pour faire entendre leurs craintes, au moyens de démarches après des élus. Ils pensaient tellement bien être entendus et compris, qu’ils avaient dénommé leur association Vent d’Optimisme ! Mais les démarches entreprises n’ont pas été suivies d’effet et, en l’absence de recours judiciaire, le parc éolien a été construit en 2009. L’association s’était alors mise en sommeil, pour finalement reprendre du service afin de tenter, cette fois, de faire reconnaître les nuisances sonores, qui s’intensifient, et d’obtenir le bridage des éoliennes chaque fois que nécessaire.
Quand les riverains d’un parc éolien se plaignent de dépassement des seuils tolérables de bruit, c’est à la Préfecture qu’ils doivent s’adresser. Mais la Préfecture est longue à réagir, et les riverains du parc éolien de Pleugriffet préfèrent s’adresser directement à EDF, le propriétaire et exploitant actuel du parc. Construit par VSB Energies Nouvelles, le parc éolien a changé plusieurs fois de mains en dix ans, pour finalement être racheté par EDF en 2017. Les habitants ont un interlocuteur dédié, au Siège d’EDF, qu’ils contactent directement par téléphone, quand le bruit est insupportable et rentre même dans les habitations. Une lettre recommandée est adressée dans la foulée, par l’association Vent d’Optimisme, avec copie au maire de la commune, en recommandé également.
Les voisins des éoliennes ont remarqué une chose : plus les éoliennes vieillissent, plus elles sont bruyantes. Il faut dire qu’elles n’étaient pas neuves, quand elles sont été installées. Des personnes, en 2008, avaient parlé aux conducteurs des camions qui transportaient les éléments d’éoliennes, et ceux-ci leur avait expliqué qu’ils venaient d’Espagne, où les éoliennes étaient précédemment plantées. Elles avaient été démontées, pour être remontées à Pleugriffet. Il avait d’ailleurs fallu les repeindre avant de les remonter. Et ce n’était pas parce qu’elles avaient subi des égratignures dans le transport !
Des éoliennes d’occasion, donc !
Suite aux plaintes des riverains, EDF a d’abord fait passer un acousticien. Il est venu sans appareil de mesure, se fiant sans doute à son ouïe seule, qui devait être défaillante, puisqu’il a dit ne pas constater de bruit chez les habitants des hameaux.
Les plaintes ne cessant pas, EDF a fait passer un produit sur les pales, censé faire diminuer le bruit ! Sans résultat, bien sûr. On pourrait en rire, si l’on ne savait pas à quel point le bruit des éoliennes pourrit la vie des habitants !
« Dès qu’elles tournent à plus de 10 tours par minute, dit M. Pierre Bihouée, président de Vent d’Optimisme, on les entend de chez nous. Et plus la vitesse augmente, plus on les entend, même à l’intérieur des maisons. On les entend même jusqu’au bourg de Réguiny, qui se trouve à une distance de 4 km au sud-ouest par rapport aux éoliennes. La direction dans laquelle le vent souffle n’a pas forcément d’incidence sur les lieux d’où l’on peut entendre les éoliennes ».
A force d’insister, M. Bihouée a finalement obtenu d’EDF qu’un acousticien installe, en juillet dernier, et pour quelques jours, un appareil de mesures de décibels. M. Bihouée a relevé soigneusement, tous les jours, et plusieurs fois par jour, les mesures indiquées sur l’appareil. Des chiffres de 90, 92, 96 décibels étaient fréquents. Il a même pu constater, un jour, un volume de 130 décibels. Mais, précise, M. Bihouée, le temps était orageux, ce jour-là…
EDF, qui a pourtant toutes les données en main pour juger de l’opportunité de procéder, chaque fois que nécessaire, à un bridage des machines, fait toujours la sourde oreille.
Quand une éolienne s’arrête, c’est qu’elle est en panne. Et toutes les semaines, il y en a une qui tombe en panne. Presque tous les jours, on peut voir une camionnette de maintenance sur place. Ce parc éolien est toujours en maintenance ! On sait que l’achat d’une voiture d’occasion expose souvent le nouveau propriétaire à des réparations à répétition ; il en est apparemment de même pour les propriétaires d’éoliennes d’occasion !
Selon M. Bihouée, le fait qu’elles soient sur des mats métalliques contribue fortement à les rendre plus bruyantes.
Parallèlement à leurs propres démarches, M. Bihouée et les autres membres de Vent d’Optimisme ont participé récemment à une petite manifestation pour soutenir les opposants à un projet de la Sté ENERCON, qui veut installer deux éoliennes de 180 mètres sur la commune de Moréac (1), à quelques kilomètres de Pleugriffet. Un secteur qui comporte déjà plusieurs parcs éoliens. Ils savent ce qu’il en est, à Pleugriffet, des éoliennes et de leurs nuisances sonores. Ils en ont assez de souffrir seuls dans leur coin.
Mais si EDF continue à ne vouloir rien entendre, les membres de Vent d’Optimisme seront contraints de passer à la vitesse supérieure et d’engager un recours judiciaire sur le fondement du trouble anormal de voisinage.
AMLM
Extrait de l’article de Ouest-France : »
160 parcs éoliens en Morbihan en 2016
En 2016, l’Observatoire de l’énergie et des gaz à effet de serre, qui dépend de la Région, recensait « 160 parcs éoliens » terrestres, en Morbihan, concentrés pour la plupart entre Pontivy, Locminé et Ploërmel.Le territoire de la communauté de communes, Pontivy communauté (25 communes) comptait alors 52 machines.
VENT DE BRETAGNE ROMANTIQUE 